Histoire« Sois belle et tais-toi, mon amour. » Petite, déjà, elle entendait ce discours. Observe, en silence, et apprend vite. Ici bas, dans notre monde, tout est dans le
paraître. Surtout pour les gens dotés d'un utérus... Ici bas, naître homme, c'est naître roi. Alors qu'une femme n'est bonne qu'à servir de princesse. Mais depuis toujours, dans la tête de Roxanne c'est bien simple : elle sera reine.
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C'est sans grande surprise qu'elle reçut sa lettre de Poudlard, tout comme ses frères : pas moyen d'être Lestrange et Cracmol ... ce serait presque plus déshonorant encore que d'être Sang-de-Bourbe. Alors elle n'eut pas le droit de s'en réjouir, puisque c'était un évènement banal. Et puis les sentiments, il ne faut pas les montrer. Il faut tout dissimuler, pour mieux briller et pour mieux surpasser les autres. Ça, la petite Roxanne dut le comprendre très rapidement. Combien de fois avait-elle vu son père pratiquer l'un des sortilèges impardonnables ? La question serait sans doute de savoir combien de fois ces sortilèges n'avaient pas été lancés. Car l'
Endoloris est la marque de fabrique des Lestrange. Petite, il était exigé d'elle qu'elle se comporte de façon irréprochable, sous peine de descendre à la cave. L'apprentissage dans la douleur, en somme. Mais sans laisser de marques visibles; ce serait dommage d'abîmer une si précieuse créature... La cave ? Encore aujourd'hui elle refuse d'y penser et se sent mal à l'aise dans les espaces clos, oppressants et sans fenêtres. Encore aujourd'hui elle prend garde à être cet enfant irréprochable en tout point ; la digne princesse des Lestrange. Et elle l'est, sans l'ombre d'un doute.
À onze ans, Roxanne était donc surexcitée à l'idée de quitter la demeure familiale pour
enfin découvrir ce haut lieu de sorcellerie, tout en le cachant sous un masque de dédain et de froideur...celui qui la rend si ressemblante à Maman. Celle-ci lui avait expliqué ce qui l'attendait à la cérémonie de répartition, tout en lui demandant de ne pas leur faire honte. Elle ne put s'empêcher de se sentir fière, quand les autres découvrirent qui elle était, alors que l'on appelait son nom pour qu'elle vienne mettre le vieux Choixpeau sur sa tête. Lestrange ... un nom qui évoque la richesse, le luxe et l’aristocratie des sangs purs. Elle s'assit, droite comme un i. Sûre d'elle en apparence, alors qu'elle sentait monter en elle une légère appréhension.
« Huuum... je vois...» La voix de l'objet se fit entendre dans sa tête et elle attendit, comme toute la salle. Le souffle court.
« Intéressant.» Intéressant ? Qu'entendait-il par là ? Mais qu'il l'envoie à Serpentard bon sang, comme tous les autres avant elle !
« Serpentard ? mmh... peut-être... Ma chère en es-tu certaine ? Tu as un excellent potentiel qui ne ferait que grandir au sein de Serdaigle... » Elle serra les dents avec force. Non, pas Serdaigle...Serpentard ! Il le faut. Serpentard, comme son père, sa famille ... comme le Lord qu'ils admirent tant. Serpentard sinon rien.
« Bien, dans ce cas puisque tu sembles si sûre de toi... Serpentard ! » Un tonnerre d'applaudissements jaillit de la table au blason vert et argent, et Roxanne fit un sourire satisfait mais hautain pour bien montrer qu'il n'y avait pas eu l'ombre d'un doute quant à sa répartition. Elle alla s'asseoir entre deux camarades qu'elle avait rencontrés dans le train et se donna des airs importants quand ils lui demandèrent ce qui avait pris si long au Choixpeau ... que voulaient-ils, elle était exceptionnelle et le faisait bien savoir.
Ce masque de dédain envers ceux qui lui sont inférieurs ne la quitte que très rarement mais Roxanne est si belle que tous semblent oublier les épines présentes sur cette rose inatteignable pour ne garder en tête qu'une seule envie : plaire à la belle d'une quelconque manière. Roxanne a ainsi toujours su comment bien s'entourer ; comment choisir ceux qui partageraient son quotidien tant à Poudlard que dans la vie de tous les jours et ceux qu'elle userait sans aucun remord.
Déjà à l'école, Roxanne était la reine pour les coups fourrés et autres couteaux dans le dos. Le tout en gardant un visage impassible et si parfait... une gueule d'ange qui sait tenir sa langue et l'utiliser comme une arme aussi mortelle qu'un poignard bien affûté, au besoin. Combien la jalousent ; combien la méprisent ? Elle n'en a que faire. Elle ne tolère rien de moins que la perfection et ses goûts précieux sont le digne héritage de sa famille et de son éducation. Avait-elle vraiment besoin poursuivre ses études pour un jour travailler au Ministère ? Non. D'accepter quelques contrats pour des marques renommées dans le monde sorcier ? Encore moins. Sa famille est bien assez riche et son futur tout tracé ... elle sera mariée au meilleur parti qui se présentera aux parents. Le mariage par intérêt semble être
la solution pour les familles au sang plus pur que la neige. C'est ainsi que cela a toujours fonctionné, que cela fonctionnera toujours. En attendant, persuadée que cette date butoir n'arrivera jamais, Roxanne ne se gêne pas pour cumuler les conquêtes masculines...l'amour ne représentant rien pour elle. Tout n'est que jeu ; tout n'est que prétexte pour obtenir du plaisir...encore plus de plaisir. Roxanne use et abuse de ses charmes sans aucune honte. Elle fait ce qu'il lui plaît, tout en se comportant en belle femme sage quand il le faut, justement parce qu'elle le peut. Mais attention, cela ne veut pas dire qu'elle est ce que l'on appelle une fille
facile...bien au contraire. C'est plutôt l'inverse : elle ne chasse que le meilleur et ne se rabaisserait jamais à céder au premier venu.
Ce n'est que récemment qu'elle apprend, un peu par hasard, qu'elle sera fiancée ... qu'ils l'ont choisi, cet "heureux élu". Au détour d'une conversation entre les parents, voilà qu'elle se découvre fiancée à ce Dolohov, le tatoué de partout. Est-il beau ? ... ce serait mentir que de dire non. Et pour que les Lestrange acceptent un membre du premier district pour agrandir la famille, c'est qu'ils ont fait des recherches assidues concernant le personnage ; le statut de son sang et son orientation ... politique. Un homme parfait, selon les standards actuels. Et il lui plairait peut-être, s'il ne l'horripilait pas à ce point. Un homme parfait et abject, qu'elle méprise autant qu'elle le désire...à croire que le corps aime parfois trahir le cerveau qui se veut aux commandes. Pourtant, c'est viscéral : s'il dit non elle dira oui et vice-versa.