Infatigables mes iris glissent sur la foule amassée dans le hall du Ministère. De temps en temps elles s’accrochent sur des regards, des expressions où se mêlent nostalgie et colère. Tous les sorciers sont présents, tous sans exception, tel a été l’ordre. District par district ils sont tous là, séparés et contenus derrière des barrières magiques infranchissables. Certains remettent les pieds au Ministère pour la première fois depuis leurs évictions, comme il est délectable de lire l’envie et la tristesse sur ces visages inconnus. Tant d’âmes torturées, tant de cerveau bouleversé par le relent de leurs souvenirs, tant de cœurs brisés par le chagrin, tant de sorciers qui voudraient être ailleurs plutôt qu’ici. Vêtue de ma longue cape noire portant l’insigne de la brigade d’élite, je me tiens debout près du passage ouvrant sur le District 5, prête à déchirer la peau du premier qui oserait s’aventurer hors de sa prison invisible. «  Peuple Anglais, bienvenue ! » La voix de ce vieil Orion Black fait vibrer le silence oppressant qui règne en maître. Mon sourire se fait carnassier alors que je pose mes pupilles sur un sorcier traître à son sang qui ne peut retenir une grimace lorsque la voix du bras droit de notre Lord résonne dans ses oreilles. « Cette soirée marque la fin des quatrièmes Blood Games. » Comme le reste de la foule mon regard se porte vers Lénore, la petite prétentieuse à la victoire sans gloire. Pour une Carrière ce doit être tellement humiliant de gagner par forfait. Dans l’océan pâle de mes yeux une étincelle mauvaise se met à danser, langoureusement. Je ne peux nier qu’il me tarde d’aller lui susurrer quelques remarques bien senties. Je revois encore l’arrogance et l’assurance avec lesquelles elle tendit son bras trop propre au Lord noir. Stupide enfant bercée par des illusions. Je lui ferai cracher son sourire trop satisfait d’elle-même. « Afin d’affirmer son unité, notre ministre, Tom Jedusor, a souhaité vous offre un moment de détente. Sachez que vous êtes tous un rouage important dans notre communauté. Chacun à sa place, chacun avec ses missions. » Une légère vague de mécontentement secoue comme un frémissement électrique les districts 4 et 5. Un mélange de cri venu du cœur aussitôt réfréné par la peur qui serre l’estomac. Mais aucun son ne traverse les barrières magiques. L’illusion est totale et l’hypocrisie parfaite. Une vraie mise ne scène de gouvernement parfait. « Capitole, Districts. Le ministère vous souhaite une agréable soirée. » La voix d’Orion Black file de murs en murs alors qu’il porte un verre à ses lèvres avant de quitter l’estrade. Délicatement je passe ma langue sur mes lèvres, l’appel de l’alcool se fait sentir. Même si je suis officiellement de service, il me tarde de me délecter d’une boisson rafraîchissante.

Mon regard quitte l’estrade pour se porter vers les sorciers environnants. Un sourire étrange flotte sur mes lèvres alors que je cherche un visage connu. Je ne tarde pas à apercevoir Erèbe en compagnie des parents Yaxley. Malgré la distance j’essaye d’attraper son regards l’espace d’une seconde mais le bougre est trop occupé à discuter avec un autre sorcier dont je n’arrive pas à deviner les traits. D’un geste rapide je sors ma baguette magique et, repérant un serveur tenant en équilibre un plateau rempli de coupes pétillantes, je lance un bel accio informulé, tâchant de rester le plus concentrée possible pour ne pas faire tomber une goutte du précieux liquide doré. Mes doigts se referment alors avec précision et fermeté sur le verre avant de reprendre mon inspection méticuleuse de la foule qui m’entoure. Bien sûr il n’est pas prévu que je reste là toute la soirée, les ordres ont été clairs sur le sujet, nous avons des rondes, des horaires à respecter et tout le temps de profiter aussi de la soirée. Si seulement on m’avait mis un partenaire un peu plus loquace que le Flint qui se contente de faire le guet plus droit et silencieux qu’un pin noir des plaines du nord de l’Ecosse. Autrement dit l’amusement devra venir à moi, à moins que ce ne soit moi qui le provoque. Et il se trouve que je suis assez douée pour ce qui est de me trouver des occupations.